Mai Jia : utiliser le roman d’espionnage pour faire connaître la Chine au monde

1750672201414 Chine-Info Lydia WANG

De 17 refus à l’édition dans la prestigieuse collection Penguin Classics, du statut d’auteur méconnu en Chine à celui de « père du roman d’espionnage chinois » salué à l’international — le parcours de l’écrivain Mai Jia est aussi riche en rebondissements que ses romans.

Le 20 juin, lors de la 31ᵉ Foire internationale du livre de Beijing, il a partagé son expérience avec des sinologues venus de 30 pays, dans le cadre de l’événement « Les histoires connectent le monde — Dialogue entre Mai Jia et les sinologues ».

Né en 1964, Mai Jia a servi dans le renseignement militaire. Cette expérience lui a fourni une matière abondante et authentique pour ses romans. En 1991, il achève son premier livre, Décryptage, l’histoire d’un génie des mathématiques recruté par l’État pour travailler sur des codes secrets. Pourtant, l’ouvrage connaît un parcours difficile : refusé 17 fois, il ne sera publié qu’en 2002, après 11 ans d’attente.

En 2004, Décryptage attire l’attention de la maison d’édition britannique Penguin. Le roman est ensuite traduit en 34 langues, distribué dans plus de 100 pays et devient le livre chinois le plus présent dans les bibliothèques à travers le monde. En 2014, The Economist le classe parmi les dix meilleurs romans de l’année, et en 2017, The Daily Telegraph l’inscrit sur sa liste des vingt meilleurs romans d’espionnage de tous les temps.

Grâce à ce succès, Mai Jia est reconnu à l’international comme le « père du roman d’espionnage chinois » et devient, après Lu Xun et Qian Zhongshu, le troisième écrivain chinois contemporain à entrer dans la collection Penguin Classics.

Lors de l’événement à Beijing, Mai Jia a déclaré que le parcours de Décryptage reflétait non seulement son expérience personnelle, mais aussi les difficultés rencontrées par les écrivains chinois pour se faire connaître à l’international. Il a affirmé : « Heureusement qu’il y a les sinologues et les éditeurs amis de la Chine ; c’est grâce à eux que le monde a la chance de lire les histoires de la Chine. »

Il a ensuite souligné que « Le monde d’aujourd’hui souffre de trop de conflits et de trop peu de dialogue. Cela rend d’autant plus précieuse la position des éditeurs et sinologues.»

Et il a lancé un appel : « Je souhaite que ma langue maternelle aille plus loin, pour que le monde comprenne une Chine plus riche, plus complète et plus vivante. »

Lors du dialogue, le sinologue italien Dario Famularo a demandé en quoi le roman permettait de mieux comprendre la Chine que d’autres genres littéraires. Mai Jia a répondu : « Le roman est certes une fiction, mais il n’est jamais mensonger. »

Il a précisé : « Si vous lisez mes essais, vous connaîtrez ma vie. Si vous lisez mes romans, vous comprendrez mon rapport à mon pays, à mon époque. Voilà la grandeur du roman. »

Interrogé par la sinologue serbe Una Miskovic sur l’influence de son lectorat international sur son écriture, Mai Jia a reconnu que cela modifiait inévitablement sa position d’auteur. Mais il affirme : « Je me rappelle sans cesse, en écrivant, de transmettre ma compréhension la plus sincère et la plus profonde de ce monde. »

Il a ajouté : « Je m’efforce d’écrire, à la manière du Roi des Singes aux soixante-douze transformations, des émotions que tout le monde peut comprendre. Je ne suis pas un auteur pour un seul peuple, mais un écrivain qui parle à l’humanité. »

Enfin, l'éditrice britannique Sophie Whitehead a partagé son expérience dans la publication des œuvres de Mai Jia. Elle a expliqué que le succès des œuvres de Mai Jia ne se résume pas seulement aux ventes : « Les œuvres de Mai Jia ont permis à de nombreux lecteurs britanniques, qui ne connaissaient rien à la Chine, de découvrir un pays authentique, complexe et profondément humain. »

Peut-être que la littérature n’a pas à chercher à plaire : elle doit simplement raconter son histoire avec sincérité. Comme la cryptographie, dont l’essence est la communication, la littérature partage la même vocation.

Article/Photos © Lydia WANG

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