[Musique] Hu Defu, père du folk taïwanais

1693559840814 China News Qiu Guangyu
Révélé dans les années 1970 par sa musique folk mêlant poésie, nostalgie et enfance, le chanteur chinois d’origine indigène de Taïwan a mené une carrière atypique, entre attachement aux musiques traditionnelles et résistance à l’industrialisation de la musique. Sa dernière apparition dans une émission télévisée avait même surpris le public.

Hu Defu occupe une place importante dans l’histoire de la musique chinoise. Dans les années 1970, avec des artistes comme Li Shuangze et Yang Xian, il a lancé le « Mouvement du folk » à Taïwan. Ils se sont ensuite jetés dans le grand bain de la création musicale, entamant une nouvelle ère musicale sur l’île. Leur engagement a notamment contribué à la prospérité de l’industrie musicale, ainsi qu’à l'émergence d’une génération d’artistes taïwanais reconnus pour leurs talents créatifs.

Des décennies s’étant écoulées, Hu Defu est de nouveau très actif sur la scène musicale. Sa dernière apparition dans Infinity and Beyond, émission télévisée diffusée sur Mango Tv, a notamment frappé les esprits : du haut de ses 72 ans, l’homme aux cheveux blancs et immaculés, se tient au bord du lac du Soleil et de la Lune en chantant L’olivier, chanson phare du folk taïwanais, avec le même tempérament impétueux d’il y a 20 ans.

Un talent qui vient de loin

Pourtant, ce n’est en 2005 que Hu Defu, alors âgé de 55 ans, sort son premier album commercial, Brièvement, recueillant 12 de ses chansons écrites durant les trois dernières décennies. Un chef d'œuvre qui lui a valu une reconnaissance populaire tardive. Le chanteur s’est vu tout à coup propulsé sur le devant de la scène musicale et médiatique. Ses confrères étaient nombreux à saluer publiquement ses contributions primordiales dans le « Mouvement du folk ». En 2006, Le vent de l’océan pacifique, l’un des 12 titres de l’album, remporte le Prix du meilleur compositeur et le Prix de la meilleure chanson du festival Golden Melody Awards de Taïwan.

Été 2006, c’est dans un bar branché de Pékin que sa voix, mélancolique et naturelle, a fait vibrer son public. Certains spectateurs avaient même les larmes aux yeux. Aussi ému qu’eux, le chanteur taïwanais s’est étonné de cette grande sympathie loin de sa région natale. En effet, Hu Defu a un talent qui vient de loin.

Il commence à chanter dès l’âge de 21 ans dans le Café Colombia à Taipei. C’était en 1971 et ce petit boulot de chanteur-amateur lui a permis d’aider financièrement sa famille. À l’époque, le Café Colombia était la Mecque pour les artistes, des plus confirmés, tels que le peintre Li Shuangze et le musicien Yang Xian, aux débutants tels que les actrices en herbe Zhang Aijia et Hu Yinmeng.

Le répertoire de Hu Defu, composé que de chansons en anglais intriguait Li Shuangze qui lui demanda un jour de chanter Les jolis épis de riz, une chanson des puyumas, un des peuples aborigènes de Taïwan. Son interprétation subjugua le public. Ce fut une révélation.

Hu Defu décide alors de se lancer dans l’écriture de chansons. Nostalgique de sa campagne natale, il écrit sa première chanson : L’enfant sur le dos du bœuf. Avec Li Shuangze, Hu Defu donne en 1973 le premier concert de folk dans l'histoire de Taïwan. Ses chansons, qui évoquent la nostalgie, l’enfance et la terre natale, ont suscité un grand écho au sein des amateurs du folk. 

Père du folk taïwanais

La nostalgie constitue l’un des maîtres-mots pour comprendre l’univers artistique de Hu Defu. Car dans sa jeunesse, il mène une vie singulière, entre campagne et métropoles, peuple autochtone et groupe d’artistes urbains. Les saveurs du choux vert sauté, un plat qui lui rappelle son enfance dorée dans la montagne et sa mère bien-aimée est sa Madeleine de Proust et incarne parfaitement cette nostalgie qui ne l'a jamais quittée. Il sait toujours pourquoi il chante et pour qui il chante. C'est l’une des raisons pour lesquelles il n'a jamais été trop attiré par les projecteurs médiatiques, même s’il a joui d’une certaine notoriété en devenant le Père du folk taïwanais

En 1977, la mort inattendue de Li Shuangze, son compagnon de route, a coupé court au parcours du duo en pleine ascension. Si Hu Defu a continué de donner des concerts, il n'a pas choisi de devenir musicien professionnel comme de nombreux confrères de son époque. Il préférait se consacrer à la défense des droits sociaux des peuples autochtones à Taïwan. Durant deux décennies, loin des feux des projecteurs, il a arpenté les terres de presque 300 tribus pour recueillir les ballades chères aux ethnies minoritaires de Taïwan. En 2002, encouragé par ses amis musiciens, Hu Defu décide de produire un album souvenir, autoproduit et enregistré dans son ancien Collège Danjiang car il voulait le même piano qui l’avait accompagné durant ses années scolaires.

Curieux de tout, ce polyglotte se passionne depuis sa jeunesse pour les poèmes classiques et modernes, allant jusqu’à en faire sa marque de fabrique. Grâce à lui, les deux poèmes Sous le figuier des pagodes de Zhou Mengdie et Les quatre mélodies de la nostalgie de Yu Guangzhong, ont pu être mis en musique pour atteindre le grand public. En 2021, Hu Defu sort Le dernier chasseur, son dernier album mêlant plusieurs langues indigènes et le mandarin. À cela s'ajoutent des textes de la poésie traditionnelle chinoise, qu’il interprète de sa voix mélancolique accompagnées de mélodies au piano. Le tout dans une ambiance poétique et harmonieuse, à l'image du chanteur lui-même.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.

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