搜索开关

Comment l’opéra chinois Teochew s’est-il implanté en Thaïlande ?

2023-08-01 08:16 China News Wang Guo’an 0
L’opéra Teochew, également connu sous le nom d’opéra de Chaozhou, est un genre dramatique local chinois ancien. Dans ses premières années, alors que les habitants de Chaozhou voyageaient en grand nombre vers l’Asie du Sud-Est, il est devenu l’un des opéras chinois locaux les plus influents à l’étranger. En Thaïlande, au fil du temps, un opéra thaïlandais Teochew s’est développé, chanté en thaï et associant des éléments thaïlandais, connu localement sous le nom d’opéra Youtai. Il est très apprécié par les Thaïlandais et même par la famille royale. La princesse Sirindhorn a d’ailleurs assisté à plusieurs représentations.

Dans une récente interview accordée à China News, Zhuang Meilong, fondateur de l’Opéra Youtai de Thaïlande et pionnier de la promotion de la localisation de l’opéra Teochew en Thaïlande, a affirmé que la diffusion, le développement et l’évolution de l’opéra chinois Teochew en Thaïlande reflètent la convergence des cultures théâtrales thaïlandaises et chinoises.

Comment l’opéra Teochew s’est-il répandu en Thaïlande ? Comment cet art dramatique local chinois est-il parvenu à s’enraciner en Thaïlande ?

L’opéra Teochew a été introduit en Thaïlande grâce aux immigrants chinois depuis des centaines d’années. Les immigrants originaires de la région chinoise de Chaoshan ont très tôt construit de nombreux temples chinois en Thaïlande et lorsque des foires et des célébrations y étaient organisées, ils invitaient des troupes d’opéra chinois Teochew à se produire en Thaïlande. Certaines de ces troupes sont ensuite restées dans ce pays pour y gagner leur vie et y ont prospéré.

L’émigration massive des habitants de Chaoshan vers la Thaïlande a eu lieu pendant la dynastie Qing et sous la République de Chine, simultanément à l’arrivée de nombreuses troupes d’opéra Teochew en Thaïlande.

À cette époque, les gens se divertissaient principalement en allant au théâtre. À Bangkok, par exemple, la diaspora chinoise (principalement des émigrés de Chaoshan) aimait se rendre dans le quartier chinois pour manger, faire des achats et voir des spectacles. Les troupes d’opéra Teochew se sont rendues en Thaïlande pour répondre à cette demande locale de divertissement. Les racines thaïlandaises de l’opéra Teochew répondent certes à un besoin de divertissement culturel exprimé par la diaspora chinoise locale, mais aussi à un besoin spirituel de renouer avec leur pays d’origine.

Le succès et l’enracinement de l’opéra Teochew en Thaïlande sont étroitement liés aux coutumes et aux croyances de la diaspora chinoise locale. Les temples chinois sont des lieux de soutien spirituel pour les Chinois de l’étranger. Les immigrés chinois en Thaïlande, en particulier ceux originaires de Chaoshan, accordent une grande attention au maintien des coutumes traditionnelles telles que les foires de temple et les rites sacrificiels. Chaque temple organise une ou deux foires et festivals par an pendant trois ou cinq jours, parfois même jusqu’à dix jours, ce qui nécessite un grand nombre de troupes d’opéra. Vu la quantité de temples, il faut avoir de nombreuses troupes d’opéra. En outre, plus il y a de spectateurs, plus il y a de fidèles dans les temples pour vénérer les dieux et les Bouddhas. On peut dire que l’opéra Teochew est intimement lié à la culture et aux coutumes des foires de temples de la diaspora chinoise en Thaïlande.

Comment avez-vu connu l’opéra Teochew et comment vous en êtes-vous épris ? Pourquoi avez-vous fait de l’opéra votre métier ?

Ma famille est originaire de la région de Chaoshan et je suis la troisième génération née en Thaïlande. J’ai habité à proximité du quartier chinois de Bangkok, où il y a des temples qui organisent chaque année des foires et des représentations d’opéra Teochew. Je me souviens que ma mère et ma grand-mère m’emmenaient souvent voir des pièces, dès l’âge de cinq ans. Petit à petit, c’est devenu comme une addiction. L’opéra Teochew m’a toujours fasciné.

À l’âge de 16 ans, en 1957, mon père m’a envoyé étudier sur nos terres natales. Je suis resté en Chine sept ou huit ans. À côté de mes études, j’allais au théâtre dès que j’en avais l’occasion et j’ai frappé à la porte de l’école d’opéra pour apprendre cet art. J’ai fait connaissance avec les professeurs et le personnel de la troupe d’opéra Teochew locale et, dès qu’ils ont appris que j’étais un étudiant expatrié, ils se sont bien occupés de moi, me laissant vivre dans le dortoir de la troupe et m’apprenant à mettre en scène, à écrire des pièces et à diviser les scènes. J’y ai beaucoup appris sur l’opéra Teochew.

À mon retour en Thaïlande, je ne m’imaginais pas faire carrière dans l’opéra, d’autant que mon père voulait que je me lance dans les affaires. Un jour, un metteur en scène d’opéra Teochew a appris que j’étais revenu de Chine, où j’avais beaucoup appris, et m’a demandé de l’aider à mettre une pièce en musique. À l’époque, les airs d’opéra thaïlandais Teochew n’utilisaient que la notation gongche (chaque note étant représentée par un caractère chinois) et jamais la notation chiffrée. Je l’ai donc aidé à améliorer la partition de l’opéra Teochew, notamment en utilisant la notation chiffrée et en améliorant les mouvements et les mélodies. Par la suite, de nombreuses troupes thaïlandaises m’ont demandé de les mettre en scène. J’ai également commencé à promouvoir le progrès de l’opéra Teochew et à généraliser l’utilisation de la notation chiffrée au sein des troupes.

Comment l’opéra Teochew a-t-il fait naître l’opéra Youtai ? Quelles en sont les innovations et les évolutions ?

En 1982, nous avons créé une troupe d’opéra Teochew, la Troupe sino-thaïlandaise de Teochew. Peu après, la Chambre de commerce chinoise et thaïlandaise, en collaboration avec l’Association thaïlandaise Huazhong, a organisé une célébration du bicentenaire de la fondation de Bangkok, capitale de la dynastie Chakri en Thaïlande. À l’occasion, le président du comité de célébration et le directeur du comité des spectacles ont invité notre troupe à se produire au théâtre pendant deux heures, en précisant que la princesse Sirindhorn assisterait au spectacle.

J’envisageais depuis longtemps de créer un opéra Teochew en langue thaï, mais je n’avais pas encore pu le faire. C’était donc l’occasion rêvée. Je leur ai dit que la princesse ne comprenait pas le dialecte de Chaozhou et qu’elle s’ennuierait devant une pièce d’une durée de deux heures. J’ai donc proposé que l’on joue une pièce d’une heure en langue thaï et une autre œuvre d’opéra Teochew, dans sa forme originale, d’une heure. Cette proposition a été soutenue.

À l’époque, la série télévisée Bao Qing Tian sur l’histoire du juge Bao était très populaire en Thaïlande. J’ai donc choisi deux pièces, Le Juge Bao guillotine son neveu et Cent ans au poste de commandement (histoire des généraux de la famille Yang), dont la première serait en langue thaï. Il ne nous a fallu qu’un mois pour traduire et refaire la mise en scène de la pièce. Lors de la représentation, les acteurs ont commencé à chanter et à déclamer en thaï. Pendant un moment, le public n’a pas réagi et la salle est restée silencieuse. Après avoir écouté quelques phrases, la princesse Sirindhorn a applaudi et le public l’a suivie. Le spectacle a fait sensation.

Par la suite, l’opéra Teochew en thaï est devenu populaire en Thaïlande. Les chaînes de télévision thaïlandaises ont diffusé en boucle la pièce Le Juge Bao guillotine son neveu et les téléspectateurs ont baptisé ce nouveau genre « opéra Youtai ». « You » fait référence à l’opéra chinois, « opéra Youtai » signifie alors opéra chinois chanté en thaï.

Depuis lors, l’opéra Teochew s’est pleinement implanté et « localisé » en Thaïlande. La princesse Sirindhorn a ensuite assisté à de nombreuses représentations d’opéra Youtai.

L’opéra Youtai est un nouveau genre d’opéra qui combine l’opéra Teochew et la langue thaïe et qui a été arrangé sur le plan artistique. Il est dérivé de l’opéra Teochew, mais il intègre certains styles de chant thaïlandais locaux. L’opéra Youtai se développe doucement et continue d’absorber les caractéristiques de performance d’autres genres. Par exemple, nous avons ajouté des règles prosodiques et des variations aux chants de l’opéra Teochew. Le spectacle est accompagné non seulement de gongs et de tambours Teochew, mais aussi de nouvelles percussions, dont celles utilisées dans l’opéra de Pékin. Ainsi, l’opéra Youtai n’est pas seulement un opéra Teochew chanté et joué en langue thaï, c’est aussi un genre théâtral innovant et évolué.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.


Commentaires

0