La « bête dorée », objet en or le plus lourd jamais découvert en Chine et l’influence étrangère de sa fabrication

1689930866918 China News

Découverte en 1982 à Nanyao, un village du district de Xuyi dans la province du Jiangsu, la « bête dorée » des Han de l’Ouest (202 av. J.-C. - 8 ap. J.-C.) est l’objet en or le plus grand et le plus lourd jamais trouvé en Chine (il pèse 18,2 jin soit 9,10 kg). Il est exposé au musée de Nankin.

Dans une interview exclusive accordée à China News, Yang Haitao, directeur adjoint du département des collections du musée de Nankin, raconte l’histoire de la bête dorée et explique sa technique de fabrication et la valeur qu’elle représente.

Le musée de Nankin possède une grande collection de reliques culturelles : plus de 430 000 pièces. Pourquoi la bête dorée de la dynastie des Han de l'Ouest est-elle considérée comme le trésor le plus précieux du musée ? En quoi consiste sa rareté ? Quelle est sa valeur sur les plans archéologique et artistique ?

Coulé en or, cet objet mesure 10,2 cm de haut, 16 cm de long, 17,8 cm de large. Il pèse 18,2 jin (9,10 kg), avec une teneur en or de 99 %. C'est la pièce d'or la plus lourde jamais trouvée à ce jour dans l'archéologie chinoise.

Le corps de la bête est recroquevillé. Bien qu’elle ait l’air féroce en apparence, avec des yeux fixes, des oreilles pliées et la bouche ouverte qui laisse apparaître des dents, la bête inspire plutôt de la sympathie du fait que sa tête repose sur ses pattes de devant, ce qui lui confère un air mythique. De plus, le collier fixé autour de son cou fait penser qu’il s’agit d’un animal domestiqué. Le bas de son corps est creux et porte l’inscription « Huang Liu », gravée après le coulage, dans le style de l’écriture officielle. L’écriture est petite mais lisible.

À quoi servait la bête dorée ?

L’hypothèse la plus probable est qu’elle était utilisée pour « garder la richesse », étant elle-même symbole de richesse.

La principale valeur de la bête dorée réside dans son caractère unique. D’abord par la pureté de l'or, d’une teneur qui atteint 99 % ; ensuite par son histoire, qui est très ancienne : elle remonte à la dynastie des Han de l'Ouest ; enfin par son poids (18,2 jin, soit 0,9 kg) et sa grande taille. Au moins en Chine, on n’a jusqu’à présent jamais trouvé aucune orfèvrerie plus ancienne ni plus lourde.

À noter aussi qu’à la différence du processus de fabrication d’orfèvreries de la même période, qui était simple, celui qui a été utilisé pour la fabrication de la bête dorée était complexe, combinant le processus de coulée de métal de la Chine ancienne et le processus de martelage d’or, ce qui était extrêmement rare à l’époque.

Comment a été découverte cette bête dorée ? Et comment est-elle entrée au musée de Nankin ?

En février 1982, Wan Yiquan, un habitant du village de Nanyao, district de Xuyi dans la province de Jiangsu, a découvert, en nettoyant les boues des égouts, un lot de reliques culturelles de l’époque des Chu-Han (207-202 av. J.-C.) Parmi celles-ci, une marmite en cuivre et des pièces d’orfèvrerie, dont la plupart étaient des pièces d’or, pour un poids total de plus de 20 kg. Ce fut, à l’époque, une découverte archéologique majeure. L’objet qui attira le plus l’attention était l’animal en or posé sur la marmite. Les experts estiment que ces reliques datent pour la plupart de l’époque des Hang de l’Ouest.

À quelle espèce d’animal appartient la bête dorée ?

La bête dorée se caractérise par une grosse tête, un corps court et trapu. Sa tête est couchée sur son corps, ses oreilles sont arquées et ses yeux fixes. On observe trois colliers autour de son cou, un anneau sur sa tête, et tout le corps est paré de taches circulaires. Certains experts, majoritaires, supposent qu’il s’agirait d’un guépard ; d’autres pensent que c’est un tigre ou un lion ; pour d’autres encore, qui sont très minoritaires, ce serait un pixiu (créature mythologique chinoise). Aujourd’hui, le mystère reste entier.

Quelles sont les particularités de la bête dorée ?

Sous la dynastie des Han de l'Ouest, il y avait deux principaux processus de fabrication de l'or : l'un était la coulée, qui utilisait des moules pour fabriquer des produits en or de forme spécifique ; l'autre était le forgeage, qui utilisait le battage, le forgeage et le martelage pour façonner des motifs sur la surface des objets en or. Ces deux processus ont été utilisés tous les deux, simultanément, pour fabriquer cette bête noire, ce qui était rare à l’époque. À mon avis, cette technique ainsi que la forme du guépard – animal qui existait en Asie de l’Ouest et non en Chine – montrent qu’à l’époque la Chine et les pays étrangers avaient une influence mutuelle sur les techniques de moulage et de forgeage de l’or.

À travers l'étude des reliques culturelles, on constate qu’en matière de techniques de moulage et de forgeage de l’or, les échanges entre la Chine et les pays étrangers n’ont jamais cessé. Sous les Tang (618-907), la technique chinoise de fabrication était sous l’influence de l'Europe, puisque certains motifs similaires aux totems de la cour sont apparus sur les objets en or. Sous les Ming (1368-1644), des motifs d’or aux caractéristiques locales sont apparus en Chine ; en termes de décoration et de forme, ils étaient totalement différents de ceux des époques précédentes. Sous les Qing (1644-1912), les différentes sortes de modèles de totems témoignaient de l’évolution de la rencontre entre l’artisanat oriental et l’artisanat occidental – de l’apprentissage mutuel à l’intégration interne.

Article initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.


Commentaires

Rentrez votre adresse e-mail pour laisser un commentaire.