
[Leçon de chinois] L’écriture chinoise
FAIT DE LANGUE
On entend souvent dire que l’écriture chinoise est vieille de 5 000 à 6 000 ans. S’il est vrai que les fouilles archéologiques ont fait ressortir une forme primitive de caractères chinois datant d’aussi loin, en revanche l’écriture chinoise actuelle n’est plus la même et a grandement évolué depuis ce temps. Elle est apparue vraisemblablement concomitamment aux hiéroglyphes égyptiens. Tout comme les hiéroglyphes, l’écriture chinoise a tout d’abord répondu au besoin primaire de communication, en dessinant ce que l’on voyait concrètement. Un dessin précis étant trop chronophage, les dessins se sont simplifiés, soit en gardant la silhouette, soit en dessinant seulement un point particulier de l’objet. C’est ainsi qu’apparurent les premiers pictogrammes. On compte quelques centaines de pictogrammes.
Mais si les pictogrammes permettent de couvrir un certain nombre de mots, ils ne permettent pas de représenter l’abstrait, d’où l’apparition d’autres caractères. La première classification des caractères, sur laquelle sont encore basées les classifications actuelles, date de Xu Shen (environ 100 ap. J.-C.), qui catégorisait les caractères chinois en six classes :
• caractères simples :
pictogrammes 象形字 xiàngxíngzì, représentant la réalité ; indicateurs, ou idéogrammes 指事字 zhĭshìzì, formés à partir d’un pictogramme auquel on ajoute un trait pour préciser un nouveau sens ou exprimer quelque chose d’abstrait à partir d’un pictogramme ;
• caractères complexes ou composés :
idéogrammes 会意字 huìyìzì, composés de plusieurs pictogrammes ; idéophonogrammes 形声字 xíngshēngzì, association d’une clé, ou radical, porteur du sens et d’un autre composant indiquant la prononciation ;
• caractères issus d'un transfert de signification (par métonymie) 转注字 zhuănzhùzì ;
• emprunts 假借字 jiăjièzì, utilisant un caractère pour un autre sens que le sens originel.
Les différentes réformes et simplifications de caractères ont fait évoluer l’écriture jusqu’à nos jours, afin, notamment, de les rendre plus accessibles au peuple et de faire baisser l’illettrisme de la population. L’évolution de l’écriture chinoise a également suivi l’évolution des supports d’écriture. Le plus ancien support retrouvé est l’écaille de tortue ou les os d’animaux, support de l’écriture dite ossécaille 甲骨文 jiăgŭwén, inscriptions oraculaires faites à la pointe, datant du XIVe au XIe siècle avant J.-C.. Elles sont considérées comme la forme la plus ancienne de l’écriture chinoise connue de nos jours. 金文 jīnwén, l’écriture sur bronze, était utilisée entre le XIe et le IIIe siècle avant J.-C. Puis l’écriture au pinceau sur des lamelles de bambou et ensuite sur du papier a profondément modifié les styles archaïques pour donner des styles plus réguliers et surtout plus rapides à écrire. Le 篆书 zhuànshū, transition entre les styles archaïques et actuels, est apparu vers le IIIe siècle avant J.-C.. C’est également à cette époque que l’on retrouve les supports de lamelles de bambou. Vers le début de notre ère et suite à l’invention du papier, il a été remplacé par le 隶书 lìshū, plus rapide à tracer. Vers les IIIe et IVe siècles, les styles 楷书 kăishū « régulier » et 行书 xíngshū « courant » se sont généralisés et sont encore ceux principalement utilisés aujourd’hui. Un autre style typographique très usité aujourd’hui, notamment en informatique, est le style 宋体 sòngtĭ.
Quelques caractères écrits dans ces différents styles :
Source : Méthode de chinois premier niveau, 2009, Editions L’asiathèque.
Si une romanisation de la langue chinoise a été poussée par des intellectuels au début du XXe siècle, le gouvernement chinois a conservé les caractères mais en a simplifié une grande partie pour réformer l’écriture et établir l’actuelle en vigueur depuis les années 50. Le pinyin, transcription phonétique, a également été créé à cette période pour permettre un accès facilité à la langue chinoise.
Stéphanie LE GALL est professeure certifiée et enseigne en collège et lycée.
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