
Huit choses à savoir sur « Street Dance of China S3 », l'émission du hip-hop qui électrise le public chinois
Surfant sur la vague du hip-hop, la web-émission de téléréalité Street Dance of China (这!就是街舞), lancée en 2018, réussit à fidéliser un public jeune, contribuant par la même occasion au bouleversement social et culturel dans l’empire du Milieu. Cette année, le danseur français de hip-hop Bouboo se classe parmi les quatre meilleurs danseurs. Zoom en huit points sur l’émission résolument palpitante.
Champion
Le 3 octobre, le B-boy (danseur de breakdance) Yang Kai a remporté, après trois mois de compétitions acharnées, la finale de la saison 3 du concours de talents Street Dance of China, qui s’est tenue dans un Shanghai Oriental Sports Center plein à craquer. Le public qui a suivi cette finale en streaming était également au rendez-vous, en battant tous les records d’audience. Né en 1987 au Sichuan, Yang Kai multiplie depuis 2004 les titres de championnat, aussi bien en Chine qu’à l’international. Il est également le premier danseur B-boy a avoir gagné l’émission.
Leitmotiv
« Se battre pour l’amour », fil conducteur de Street Dance of China S3, prend tout son sens au temps de la Covid-19. Frappées de plein fouet par l’épidémie, les salles de danse sont nombreuses à avoir tiré le rideau. Diffusée depuis le 18 juillet sur la plateforme du streaming Youku (Alibaba), l’émission consacrée aux danseurs de hip-hop fournit une véritable bouffée d'oxygène aux professionnels du milieu, et à redonner de l'espoir à un public en quête de plaisir et de sens, suite à plusieurs mois de confinement.
Capitaines superstars
Nouvelle saison, nouveaux visages et un succès retentissant, grâce en partie aux quatre capitaines superstars - Jackson Wang (GOT7), Lay Zhang (EXO), Wang Yibo (UNIQ) et Wallace Chung, tous passionnés de danse. Les trois premiers ont été formés dans l’industrie de la K-pop, et jouissent d’une réputation au delà des frontières chinoises. Suivis par des centaines de millions de personnes sur les réseaux sociaux, ils auraient aidé l'émission à atteindre un public plus large.
Crème de la crème
L’émission attire les meilleures compagnies de danse à travers la Chine : Hello Dance (Sichuan), T.I (Pékin), X-Crew (Shanghai), Sinostage (Pékin) et Wujiawu (Pékin), couvrant danse urbaine, jazz, danse contemporaine, hip-hop, popping, waacking et locking... Les champions issus des disciplines différentes, comme Xiao Jie (locking) ou Teng Zai (popping), sont propulsés sous les projecteurs, nous apportant des shows au-delà de l’imagination.
Bouboo
Membre du groupe légendaire de hip-hop Criminalz Crew, Bouboo brille dans l’émission depuis le tout premier épisode et suscitant notamment l’admiration du capitaine Wang Yibo. Invincible dans les battles (compétition entre danseurs de hip-hop), le danseur français réussit également à tirer son épingle du jeu dans le domaine des créations chorégraphiques, un des tests obligatoires lors de la sélection. Il se classe parmi les quatre meilleurs danseurs. Une première pour un candidat non-sinophone dans l’histoire des téléréalités chinoises.
Chef-d'œuvre
Double bonheur (en chinois 囍) serait la plus grande révélation de Street Dance of China S3. Le couple de danseurs Yang Wentao et Zhang Can, tout en rouge, mettent en scène un mariage chinois singulier, entre réalité et illusion. La chorégraphie s’inspire d’une vraie histoire d’amour en pleine pandémie, trouvant un écho particulier auprès d’une population sinistrée par la crise sanitaire.
Alliance de tradition et de modernité
Comment fusionner les traditions chinoises et le hip-hop, un genre né dans les rues de New York ? C’est l’un des défis incontournables de l'émission. Grâce au capitaine Lay Zhang, icône mondiale et pionnier de la M-pop (un style musical en utilisant des instruments traditionnels chinois et des rythmes hip-hop modernes), les spectateurs ont pu faire un voyage rythmique au coeur de la culture chinoise. En témoigne ses quatre créations chorégraphiques, aussi explosives que philosophiques, qui sont respectivement Dragon (龙), Lit (莲), Taotie (饕餮) et Descendants des Yan et des Huang (炎黄子孙).
Succès et polémique
L’audimat s’élève à plus de 20 milliards de vues, sans compter les chiffres de la finale diffusée en direct. Plus de 50 marques ont misé sur ce concours de talents pour y faire la promotion de leurs produits ; la recette publicitaire grimpant à plus de 60 % par rapport à celle de l’année dernière. Sur Douban, l'émission brille par un score de 8,8/10, moyenne recueillie auprès de 53 000 avis. Un véritable signe de reconnaissance critique.
Derrière le succès critique et commercial, une polémique prend de l’ampleur concernant le programme surchargé des entraînements : il est arrivé que les danseurs travaillent sans relâche 24h sur 24h jour et nuit pour répondre aux attentes de l’émission. Le perfectionnisme cher à l’équipe de production, ou l’exploitation des danseurs ? Ce sera sans doute une des problématiques à régler pour la saison 4 prévue pour 2021.
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