Avec Limbo, Grand Prix de Reims Polar, le réalisateur hongkongais Soi Cheang pousse le curseur de l'esthétique de la violence au maximum. Très stylisé, ce thriller à couper le souffle donne parfois le vertige. 

Dans les bas-fonds de Hong-Kong, un flic vétéran et son jeune supérieur doivent faire équipe pour arrêter un tueur qui s’attaque aux femmes, laissant une main coupée pour seule signature. Quand toutes leurs pistes s’essoufflent, ils décident d’utiliser une jeune délinquante comme appât.

Sélectionné dans la section hors compétition de la Berlinale 2021, Grand Prix et Prix de la critique du festival Reims Polar 2023, le polar hongkongais en noir et blanc, revisite ses propres codes. Il est truffé d'ingrédients de film policier « Made in Hong Kong », tout en empruntant des éléments du cinéma d'horreur. Soi Cheang, disciple de Ringo Lam Ling-tung, connu pour des scènes de violence ultra-réaliste, ne déçoit pas. Des scènes d'actions très recherchées, dans une dualité subtile entre générations, le dangereux jeu du chat et de la souris entre policiers et criminels, la quête de la paix avec soi-même... À cela s’ajoute une touche très personnelle du réalisateur. Comme Home Sweet Home（2005）et Dog Bite Dog (2006), ses deux précédents films tout aussi acclamés par les critiques, Limbo, paradoxalement, s'inscrit socialement à travers ses scènes à la lisière de l'Apocalypse. La monstruosité et l'aliénation sont à la fois humaines et urbaines.  

Un des grands mérites du film chinois est de mettre au centre son principal personnage féminin, souvent relayé au second plan dans d'autres polars typiquement hongkongais. A Tao, à la fois coupable, délinquante et proie, ne cesse de crier « je voudrais vivre » face aux policiers et mafias. Une pulsion de vie qui illumine ce film d'une noirceur infernale. 

Limbo 智齿

Film sorti en France depuis le 12 juillet

Genre : pollar, drame 

Réalisé par Soi Cheang

Avec Ka Tung Lam, Yase Liu, Mason Lee 

Photos : SUN ENTERTAINMENT CULTURE LIMITED